CONSEIL CAFÉ CACAO : DES SOLUTIONS INNOVANTES POUR UNE FILIÈRE DURABLE


     La Conférence des Parties sur les changements climatiques, la Cop29 qui se tient à Baku en Azerbaïdjan a été l'occasion pour la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, de présenter ses innovations pour pérenniser une filière dont la production respecte plus que jamais par le passé, les normes environnementales et sociales. Le Conseil du Café Cacao a ainsi organisé un évènement parallèle le 18 novembre 2024 au Baku Stadium afin de montrer le rôle important des acteurs du secteur agricole et particulièrement de la filière cacao dans la préservation de la biodiversité, le respect des droits des communautés locales et la lutte contre les changements climatiques.

       Selon la FAO, on estime que l'agriculture et l'industrie agroalimentaire africaines pèseront 
1000 milliards de dollars en 2030. De façon spécifique, l'agriculture de rente procure 40 % des recettes d'exportation de l'Afrique, elle est l'une des principales sources de revenus pour les Etats producteurs de café et cacao à l'instar du Ghana, du Cameroun ou de la Côte d'Ivoire. Face aux exigences de développement et au regard de l'augmentation annuelle de l'enveloppe des recettes financières du cacao et du café, il faut penser à l'élargissement des espaces ou aires agricoles. 
       Malheureusement face aux changements climatiques, les activités agricoles sont souvent pointées du doigt comme étant responsables en grande partie de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre et donc du réchauffement climatique. Le défi aujourd'hui est donc de développer une agriculture durable qui respecte l'environnement et la biodiversité. Un défi qu'est entrain de relever le Conseil du Café Cacao de la Côte d’ivoire. 
           

      Face aux exigences croissantes en matière de durabilité environnementale, les acteurs de la filière explorent de nouvelles solutions pour préserver les ressources naturelles, améliorer les pratiques agricoles et soutenir les moyens de subsistance des communautés rurales. Des solutions et initiatives qui permettent d’allier croissance économique et respect de l’environnement, pour un cacao ivoirien durable et porteur d’avenir, qui ont été présentées lors du Side Event organisé le 18 novembre 2024 à Baku en Azerbaïdjan. 
    Parmi ces solutions, nous pouvons parler de toute une stratégie nationale de cacao durable. Rodrigue Koffi N'GUESSAN, Directeur Général du développement Rural au ministère ivoirien en charge de l'agriculture, en parle comme d'une stratégie qui fédère les efforts de tous les partenaires qui sont intéressés à la cacaoculture, aussi bien dans le privé, l'Etat ou ailleurs. L'objectif pour rendre la filière durable passe donc par trois axes. 《 Primo la durabilité économique. Elle va permettre d'améliorer la productivité et la production, lutter contre les maladies et introduire de nouvelles variétés résistantes au climat à travers un partenariat stratégique tissé entre le Conseil Café Cacao et le CNRA pour le développement des programmes de recherche. Il ya aussi les appuis aux producteurs pour le renouvellement des vergers et la lutte contre les maladies des cacaoyers.  
     Secundo, l'axe social. nous avons développé des initiatives à l'endroit des communautés cacaoyères sur le développement des infrastructures hydrauliques et de santé, la réalisation des pistes agricoles, bref l'amélioration des conditions de vie des producteurs.
      Enfin tertio, l'axe environnemental. Il s'agit de contribuer au renouvellement du couvert forestier à travers l'agroforesterie qui est progressivement introduite》.
     Pour renforcer ces axes de durabilité, il ya eu la mise en place d'une norme de production, de gestion et d'audit qui cadre mieux avec les réalités locales de la Côte d'Ivoire. Il s'agit de la norme ARS 1000.  C'est un outil important pour le développement d'une agriculture qui bénéficie aux générations actuelles et celles futures car il prend en compte la durabilité économique, sociale et environnementale. 
     Il ya également l'instauration d'un système de traçabilité dans la filière qui permet désormais de protéger les cacaoculteurs en évitant tous ces intermédiaires qui se faisaient des bénéfices aux dépend des agriculteurs. 
   Des efforts sont faits pour la mise en place d'une Assurance pour les producteurs face aux multiples risques et pertes qui existent dans cette filière qui représente pas moins de 18% du PIB de la Côte d'Ivoire. 


      DEFIS ET CHALLENGES DE LA CACAOCULTURE .

    Le développement du cacao durable va permettre à la Côte d'Ivoire de faire véritablement profiter les petits producteurs à la base et garder son leadership sur le continent. Mais pour cela le chemin est encore un peu long et nécessite d'y aller de manière progressive, nettoyant et éliminant les unes après les autres ces cabosses pourries des cacaoyères que sont les défis et challenges. Carine POE, Conseillère du Directeur Général du Conseil Café-Cacao, chargée des Organisations Internationales, parle principalement des 《moyens de communication car la couverture du réseau internet reste assez compliquée. Il ya aussi les outils de communication pour parler d'un cacao climato intelligent, des personnes pour parler de ce qui est fait aujourd'hui par les producteurs afin d'éviter que ces pays qui n'utilisent qu'à peine 35% de cacao dans les confiseries occupent la place. Il ya aussi les moyens technologiques des agriculteurs qu'il faut revoir, sans oublier la dématérialisation des procédures et les formations . Ce sont autant de défis qui persistent malgré la réforme de la filière depuis 2012》. Pour répondre à tous ces besoins, il faut une bonne assise financière. Puisque la filière café-cacao comme toutes les autres du secteur agricole subit les impacts des changements climatiques, il faut aujourd'hui penser aux mécanismes de financements verts.
  



       Dr Issa BADO, spécialiste de programme à l'Institut de la Francophonie pour le Développement Durable (IFDD) et intervenant dans le panel de la table-ronde organisée par le Conseil Café-Cacao à la Cop29 de Baku va ainsi encourager à aller vers les mécanismes de financement à l'international. Un apport conséquent en financement qui va permettre de renforcer l'agriculture résiliente et amener les banques à investir dans les activités de la filière. Pour lui, il est important aujourd'hui 《que le Conseil travaille pour la mise en place des entités d'accès au Fond Vert Climat et au Fond sur les Pertes et Préjudices, et qu'il y ait des partenariats avec les coopératives des autres pays comme le Ghana et le Cameroun pour un échange d'expériences. Il faut aussi mobiliser les terres pour l'élargissement des plantations et puisque le cacao est déjà une affaire nationale, penser à un financement Vert au niveau national ou pays. Sur le plan de la communication, il faut penser faire cela dans les langues locales en direction du monde rural》. 
     Un début de solution pour la communication à été proposé par Syrille KOSSI, Senior Manager Sustainability à ESG. Il pense en effet que 《 les pratiques liées à la Responsabilité Sociale et Environnementale des entreprises (RSE) contribuent à rendre concret le développement d'une filière durable car elles permettent un reporting et une communication au quotidien》.
   Pour ce qui est de la mobilisation des financements, il a été question de rassurer Dr Issa BADO de ce que de petits pas aussi sont deja faits, car le gouvernement de Côte d'Ivoire y travaille. En effet, Fidèle KOUADIO, Coordonnateur des projets climatiques au FIRCA à présenté 《 des actions pour la mobilisation des banques nationales, l'effectivité de deux entités nationales accréditées au Fond d'adaptation et au Fond Vert Climat. Actuellement un premier projet du Conseil Café-Cacao est entrain d'être examiné au Fond Vert Climat. Il faut simplement déjà penser à la dimension sociale de la gestion de ces futurs financements afin de se rassurer que les ressources mobilisées impactent véritablement la vie des agriculteurs et populations locales》.
       Au delà de la Cop29, le Conseil Café-Cacao de la Côte d'Ivoire voudrait véritablement analyser les bénéfices sociaux et environnementaux de ses pratiques afin de lancer les jalons d'une filière cacao plus verte et plus résiliente, encourager une collaboration entre les acteurs de la chaîne de valeur et à promouvoir des initiatives qui répondent aux exigences des marchés internationaux en matière de durabilité, tout en soutenant les moyens de subsistance des producteurs locaux.
        
               Line Renée ANABA en Azerbaïdjan 
     

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