L'IFDD APPRÊTE LES FEMMES POUR LES NÉGOCIATIONS DE LA COP 29
Du 14 au 17 octobre 2024 se déroule à Kinshasa en RDC un atelier crucial de renforcement des capacités pour les négociatrices francophones, en préparation de la COP29 de Baku en Azerbaïdjan. L'Institut de la Francophonie pour le Développement Durable a réuni des participants de 21 pays francophones. L'objectif principal de cet atelier de quatre jours est d'équiper les négociatrices de connaissances, compétences et stratégies nécessaires pour représenter efficacement leurs pays et le monde francophone dans les négociations climatiques internationales.
L'Institut de la Francophonie pour le Développement Durable en collaboration avec la RDC n'a pas lésiné sur les moyens techniques et humains pour outiller les femmes négociatrices dans les rouages des discussions lors des Cop climat. Ce sont des experts chevronnés et rompus à la tâche qui sont les formateurs de ces dizaines de femmes.
La présence d'experts s'est observée dès l'ouverture des travaux avec une session préliminaire sur le contexte et les enjeux des négociations climatiques, animée par Martine Madibanga, Point Focal Climat de la RDC et Mamadou Honadia, Expert en changement climatique.
Ils ont tour à tour présenté les principaux acteurs et les objectifs de la Convention Cadre des Nations Unies pour le Changement Climatique (CCNUCC), ainsi que les exigences de mise en œuvre des Contributions Déterminées Nationales, l'importance de la transition énergétique et les défis du financement climatique, notamment l'objectif non atteint des 100 milliards de dollars. Ils ont également abordé l'importance de l'Article 6 de l'Accord de Paris, soulignant l'importance du financement et du nouvel objectif collectif quantifié (NCQG), et présenté les cinq points clés que le groupe Afrique compte discuter lors de la prochaine COP à Baku en Azerbaïdjan.
S'il est vrai que certaines femmes ont souvent assisté aux Cop, il n'en demeure pas vrai qu'elles sont nombreuses à ignorer les rouages des négociations climat pour aider à faire avancer les positions de leurs pays et du grand groupe Afrique. Les experts formateurs leur ont par exemple annoncé que la présidence de la COP29 s'est rapprochée des différents groupes pour des discussions et a nommé deux ministres, un du Danemark et un autre de l'Égypte, pour faciliter le processus. D'où l'importance de ces négociatrices de bien maîtriser deja des préliminaires comme les données scientifiques sur la nécessité de maintenir l'objectif de limitation du réchauffement à 1,5°C.
Mamadou Honadia a offert une plongée approfondie dans les rouages complexes des négociations climatiques internationales. Il a détaillé par exemple qui peut prendre la parole pendant les négociations et a expliqué les raisons de prendre cette parole, comment la demander. Il a fourni en outre aux négociatrices des conseils sur la façon d'intervenir efficacement, y compris l'utilisation d'un langage diplomatique, l'identification de soi, et le soutien à son porte-parole.
Il faut noter que cette formation des femmes négociatrices est hybride et se déroule simultanément en présentiel et en ligne. Ainsi, Laurence Pollier, ancienne membre du Secrétariat de la CCNUCC, a offert en ligne une compréhension approfondie du fonctionnement interne de la Convention. Elle a en outre détaillé le calendrier de la COP29 à Bakou, expliquant qu'elle durera trois semaines dont la première est consacrée aux réunions de pré-session des différents groupes de négociation. La structure de la conférence, y compris la cérémonie d'ouverture, l'adoption des points à l'ordre du jour, et l'organisation des 161 sessions de négociation sur deux semaines ont été présentés. Laurence Pollier a souligné que 65 décisions seront discutées pour une possible adoption, y compris des décisions issues de l'Organe subsidiaire chargé de la mise en œuvre (SBI).
L'expert en négociation climat Ibila DJIBRIL s'est focalisé à l'ouverture sur les pertes et préjudices. Il a présenté l'évolution du concept de pertes et préjudices depuis son introduction à la COP13 de Bali, jusqu'à sa liaison avec l'adaptation. Puisque les pertes et préjudices incluent des événements météorologiques extrêmes comme les cyclones, ouragans, vagues de chaleur et sécheresses, ainsi que des pertes non économiques telles que la perte de vies humaines et des pertes de revenus économiques, il a tenu à bien clarifier ce concept en fournissant des exemples concrets.
Ibila DJIBRIL a abordé les défis actuels liés à l'opérationnalisation du fonds pour les pertes et préjudices et a encouragé les participants à collaborer étroitement au sein de leurs groupes de négociation et à préparer des arguments solides basés sur des données scientifiques et des expériences concrètes.
Les femmes négociatrices en formation à Kinshasa auront visiblement de qui tenir dans les couloirs des négociations les années à venir.
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