ORDURES MÉNAGÈRES : LA TOUCHE ESTUDIANTINE.

 

          La problématique de gestion des déchets de ménage est incontestablement à l’ordre du jour s’agissant des préoccupations de préservation de notre environnement en matière de pollution des sols. Plusieurs approches de gestion des déchets de ménage sont élaborées en vue d’offrir une meilleure modélisation de la production, de la conservation et de la destruction desdits déchets au sein des villes universitaires et spécifiquement la ville abritant l’université de Yaoundé 2 SOA.

       La ville de SOA située à près de  18 Kms de Yaoundé, a vu son boom démographique en terme de nombre d’étudiants, passer de 1500  en 2002 à pratiquement 26.000 en 2004. C’est dire que l’essentiel de l’activité humaine dans cette ville estudiantine, tourne autour de la mobilité des étudiants qui, pour certains y résident et pour d’autres font le trajet pour s’y rendre en car de transport en commun. La production de la plus grande partie des déchets de ménage dans la ville est du fait de la grande activité domestique et de subsistance dont fait preuve ces étudiants dans leur différents lieux d’habitation.

      La gestion des déchets de ménage qu’ils produisent est par conséquent une préoccupation pour les autorités en charge de la gestion de la ville, compte tenu de la difficulté qu’ils rencontrent tant dans leur stockage que dans leur expulsion dans la nature. La présence d’une usine dédiée à la gestion des déchets non loin de la ville de Soa n’épargne pas ces étudiants des difficultés à trouver des mécanismes de gestion efficace de leurs déchets de ménage sans un impact sur l’environnement, et précisément sans  les retrouver parfois dans les ruelles des quartiers, et le long des routes desservant les villages riverains.

        Une observation pendant quelques jours a permis de suivre trois différentes approches de gestion des déchets de ménage par trois étudiants dont deux ont à cœur la nécessité absolue de la préservation de l’environnent.                 Alice, étudiante en première année à la faculté des Sciences Economiques et de Gestion, qui une fois après avoir collecté ses déchets de ménage dans une poubelle de fortune placée pour la circonstance non loin de sa porte, attend tout simplement que passe une équipe de la société Camerounaise en charge des déchets qui,  dans sa politique de gestion des déchets, est en charge de la collecte, du tri et du traitement de ceux-ci pour une grande partie de la population.            Hervé quant à lui est étudiant en Licence à la faculté des sciences juridiques et politiques, militant écologiste à ses heures perdues comme il se considère. Il est orienté dans une optique de gestion plus responsable de ses déchets de ménage. C’est ce qu’il appelle de « l’Echo-Responsabilité » conduisant à « l’Echo-Utilité » pour reprendre ses termes. Pour lui « l’Echo-Geste » consiste à obtenir trois types de sacs poubelles, une pour les matières plastiques, une autre pour les matières en verre, et la dernière pour les déchets alimentaires pouvant constituer du fumier, nous-a-t-il confié. C’est alors qu’il va se diriger vers un bac à ordure de la société en charge de la gestion des déchets, non loin de sa chambre d’étudiant,  pour y déposer ses déchets de ménage préalablement et soigneusement triés, facilitant ainsi le transport et le traitement de ceux-ci.                                                                                   Enfin, moins soucieux des questions liées à l’environnement, Patrick, étudiant en Master dans la même faculté quant à lui, préfère opter pour une solution toute simple à savoir bruler systématiquement ses déchets de ménages non loin des habitations et au mépris des consignes de santé, entrainant parfois des fumés hyper toxiques et nuisant à la santé des voisins. L’on a en mémoire son passage chez le chef de bloc pour affaire le concernant, portée auprès de celui-ci par quelques personnes ayant subies les affres de cette pratique d’incinération des déchets de ménage. C’est sans compter qu’une fois, une mini explosion a eu lieu du fait qu’il avait brulé ses déchets comme à son habitude, sans cette fois se rappeler que parmi ceux-ci se trouvait un briquet contenant du gaz en petite quantité utilisé la veille. 

     

        La problématique de la gestion des déchets de ménage par les étudiants de l’université de Yaoundé 2 est importante dans un contexte où les déchets de ménage représentent l’essentiel des dangers de pollution de notre environnement au Cameroun. Comme l'avait si bien dit Sameh WAHBA, directeur en charge du développement urbain et territorial, de la gestion du risque de catastrophe, et de la résilience à la Banque Mondiale,  « la mauvaise gestion des déchets de ménage affecte les océans, obstrue les canaux d’évacuation des eaux, provoquant par conséquent des inondations, avec des eaux qui vont drainer des bactéries et bien d’autres d’éléments responsable de la propagation des maladies dont certaines sont liées aux problèmes respiratoires, du fait de l’incinération des ordures de ménage à l’air libre ; avec un impact sur la vie des animaux et le développement socio-économique des communautés ».  Les étudiants de Soa comme de toutes les universités du Cameroun, méritent de vivre dans un environnement sain qui les met à l'abri des maladies. Autant ils doivent s'y activer eux-mêmes,  autant l'Etat doit les y aider. 

                                          Abdelaziz VUCHE