ACCES A L’EAU POTABLE DANS LE NORD CAMEROUN

 


        L’avancée du désert dans l’extrême nord du Cameroun a un impact immédiat sur la disponibilité en eau dans cette région. Une situation difficile pour les populations qui doivent parfois parcourir plusieurs kilomètres pour avoir de l’eau pour elles-mêmes, pour leurs bêtes et pour les cultures.

      L’appel du muezzin tire Maimouna de ses pensées, il est 18h. Alors que les hommes doivent se rendre à la mosquée pour la prière, les femmes vont prendre la piste poussiéreuse pour aller loin de leur village Darak, puiser de l’eau. Pour Maimouna c’est un supplice quotidien, dit-elle.  « Les femmes éprouvent d’énormes difficultés à obtenir de l’eau potable ici. Nous sommes obligées d’aller jusqu’au village Zalavat très loin d’ici. Parfois les gens rentrent tard vers 21h-22h. je suis épuisée après avoir parcouru toute cette distance à pied. Cette eau c’est pour boire et faire la cuisine ».   Darak dans l’extrême nord du Cameroun est une région qui est victime de l’avancée du désert. Située dans le département du Logone et Chari, la ville est au bord du Lac Tchad. Selon le Professeur Bring, climatologue en service au ministère en charge de l’environnement, on estime à des millions d’hectares, les terres dégradées à cause de l‘avancée du désert. Il affirme d’ailleurs que « la désertification a été identifiée comme l’un des principaux problèmes environnementaux au Cameroun, du fait de notre étalement géographique qui fait en sorte que le pays a tous les profils écologiques de l’Afrique. Du coup, une partie du territoire national est intégrée dans les zones Soudano-sahélienne et Sahélienne, il s’agit de toute la partie septentrionale du Cameroun qui englobe les régions du Nord et de l’Extrême-nord, soit, huit millions d’hectares de terres et de paysages dégradés. »

       


      A Darak, tous les principaux secteurs économiques sont touchés par la rareté de l’eau. Harouna est agriculteur depuis une vingtaine d’années et peut donc faire un constat bien clair car, « les variétés agricoles que nous avions ne sont plus adaptées, parce qu’il ne pleut pas assez et les cycles de culture sont devenus plus longs », se plaint-il. Des plaintes similaires chez les pêcheurs qui passent désormais des jours entiers sans capturer le moindre poisson, à l’instar de Mamadou qui constate que « l’assèchement du Lac Tchad a réduit directement la quantité de poissons sur le marché et touche les revenus des pêcheurs ». Awal quant à lui est éleveur de caprins et son cheptel paye cher l’avancée du désert. Du coup, il doit faire d’énormes sacrifices en temps et en énergie : « on va très loin en brousse avec les chèvres chercher de l’herbe et il faut puiser l’eau des forages pour leur donner à boire. Malgré cela, nous perdons de nombreuses bêtes à cause de la sècheresse ».

   Les conflits ont vite fait de naitre, surtout que les populations originaires du Tchad sur la berge opposée du Lac, envahissent peu à peu Darak et toute la plaine du Logone. D’autres y viennent de façon saisonnière à la faveur de la transhumance, pour chercher du pâturage et de l’eau, au grand dam de Moussa Mahamat, qui pense que « la transhumance des chameaux qui viennent du Tchad est un phénomène plus dangereux que le climat, car dans cette région ou la pluie ne tombe que quatre mois par an, ces grands animaux détruisent tout sur leur passage et du coup, quand les chameaux passent c’est le désert qui suit. Il s’agit d’un véritable drame ».

   



     Heureusement, sur le plan national, il y’a de nombreuses initiatives, notamment le Plan National de Lutte contre la Désertification (PNLD) dont le principal objectif est d’inverser les tendances de la désertification et de la dégradation des terres pour barrer la voie à la pauvreté et favoriser un développement durable. Il est question entre autres mesures, de développer des actions qui améliorent le cadre de vie et les bases de production pour les populations. Parmi ces actions il ya le développement de l’hydraulique villageoise, avec le programme de construction des forages. 
   Ainsi tous les soirs, Maimouna et les femmes de Darak n’éprouveront plus d’angoisse à l’appel du muezzin, car l’eau sera véritablement à portée de main, juste à quelques pâtés de leurs domiciles.
                                                                                                 Line Renée ANABA 





 






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