LUTTE CONTRE LE CANCER EN AFRIQUE LES PETITES AVANCÉES.
Le cancer est un véritable problème de santé publique au Cameroun et dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne. Face au nombre élevé de malades et de morts chaque année, ainsi que le coût exorbitant du traitement et la difficulté à prévenir cette affection , la lutte contre le cancer requiert un accompagnement à la fois des Etats, de la société civile et des populations. Au Cameroun par exemple c'est un plan stratégique qui a été mis en place pour cela et la situation semble évoluer de manière positive.
Nous sommes à l'accueil du service d'oncologie de l'hôpital général de Yaoundé au Cameroun. De nombreux patients vont et viennent, parmi lesquels Madeleine KATIKE, la quarantaine révolue. C'est depuis 2018 qu'on a découvert qu'elle était atteinte d'un cancer. Elle a subit une ablation complète du sein gauche et mise sous chimiothérapie et monothérapie. Après 5 ans d'un traitement à succès , elle est très positive: 《 moi je peux dire que j'ai complètement guéri de mon cancer du sein. J'ai retrouvé la forme et le seul problème c'est l'absence de prothèses mammaires ici.》
Elle était en rémission depuis presqu'un an jusqu'à il ya 2 jours, où elle a fait une crise. 《 j'ai eu des douleurs puis je suis allée faire des examens et puis on a constaté que j'avais une meningiome au niveau du cerveau et que les traces au niveau des poumons. C'est ça qui m'a fait revenir à l'hôpital.》
Madeleine fait partie de ces dizaines de milliers de personnes qui sont atteintes de cancer au Cameroun, faisant de cette maladie un véritable problème de santé publique. Le 4 février dernier, lors de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le cancer, le Ministre de la santé publique du Cameroun, Manaouda Malachie, parlait de 20700 personnes malades et 11000 décès chaque année. Des chiffres qui font froid dans le dos.
Au Cameroun et dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, la prise en charge du cancer constitue un véritable souci pour le système de santé. Le Professeur Paul NDom, doyen des oncologues de l'hôpital général de Yaoundé, souligne les principaux problèmes dont le premier est 《l'insuffisance des ressources humaines. Nous ne sommes pas nombreux. J'ai travaillé pendant 10 à 15 ans je n'avais pas d'assistant. Donc il a fallu di temps pour former un spécialiste en oncologie. 》
Mais selon lui, le plus important de tous reste le coût exorbitant du traitement qui decourage non seulement les malades mais aussi le personnel de santé car 《les médicaments sont importés à un coût très élevé. Les actes chirurgicaux prennent de l'argent. Les radiothérapies, il ya des équipements qui sont absents qu'on attend depuis des années dans certains grands hôpitaux et qui ne sont pas fonctionnels. On va vous demander un million de francs cfa pour traiter un cancer du sein par radiothérapie après la chimiothérapie. 》
Heureusement, le gouvernement camerounais subventionne aujourd'hui le traitement du cancer, même s'il reste vrai que cela n'est toujours pas assez et se fait dans une moindre mesure face aux cas de plus en plus élevés des malades. Pour le Prof Paul Ndom, l'apport de l'Etat est certes nécessaire, mais il faut une collaboration de tous pour lutter contre le cancer, particulièrement les populations. Il yen a qui découvrent eux-mêmes la maladie, c'est le cas de Madeleine KATIKE. 《face à mon miroir j'ai fait une autopalpation du sein et j'ai constaté que j'avais une boule dans le sein. Cela m'a poussé à aller à l'hôpital et après l'échographie on m'a demandé de faire des examens approfondis qui ont révélé effectivement un cancer du sein. 》
Si le cancer est découvert tôt, la prise en charge donne souvent de bons résultats. Ce qui n'est pas toujours le cas des patients dont la découverte se fait lorsque la maladie est deja avancée, comme cela a été le cas du cancer de la prostate de Philippe, un patient trouvé ici au service d'oncologie, ainsi que Josiane qui a découvert sa maladie 《 de manière fortuite, au hasard d'un examen prescrit à l'hôpital. A la suite d'une numération faite et c'était la catastrophe, le ciel me tombait dessus. 》
Les chiffres au Cameroun parlent de 80% de malades qui arrivent à l'hôpital très tard. Problème de négligence et surtout d'ignorance. On a donc misé sur l'information, l'éducation et la communication. Un plan stratégique de prévention et de lutte contre le cancer à été mis en place, ainsi que la création de multiples regroupements pour sensibiliser les populations. Un travail que fait Madeleine KATIKE depuis des années 《dans une association de lutte contre le cancer de sein où je parle aux gens et les éduque .》
A cotés des associations il ya aussi des Ongs de lutte contre le cancer. Au quartier Emia à Yaoundé, se trouve la plus connue. Il s'agit de la SOCHIMIO ou Solidarité à la Chimiothérapie, créée en 1998 par le Pr Paul Ndom qui souhaitait par ce moyen répondre aux besoins criards des malades, car il avait fait un constat étonnant,《je fais des ordonnances, les malades ne reviennent pas. J'ai pas compris. Quand j'ai causé avec certains malades ils m'ont dit qu'ils ne peuvent pas trouver les produits, ça coûte trop cher. D'autres me disent qu'il n'y a même pas les produits dans les pharmacies.》
Grâce à ces associations et Ongs, des fonds sont levés pour prendre en charge le traitement coûteux des malades comme cela a été le cas de Madeleine KATIKE afin de poursuivre sa rémission.
De grands pas, susceptibles de baisser considérablement le nombre de malades et de morts suite au cancer, tout comme cette nouvelle qui vient du sommet du Mont Cameroun et qui présente le Pygeum ou Prunus Africana, une plante qui ne pousse qu'au sommet de ce mont, comme à la base des médicaments de lutte contre le cancer de la prostate...
Line Renée ANABA
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