GRANDE MURAILLE VERTE: LA SCIENCE DONNE UNE NOUVELLE VISION
Un réseau de scientifiques a été lancé par l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD). C'était le 25 avril 2023 au Djibouti Palace Kempinski au cours d'une conférence de presse hybride qui a attiré aussi bien les scientifiques que l'administration et la société civile. En collaboration avec le Centre d'Etudes et de Recherche de Djibouti(CERD), l'IRD a réuni plus de 150 acteurs clés de l'implémentation de la Grande Muraille verte. La science est ainsi mise au secours de ce projet pharaonique du continent créé il ya un quinzaine d'années.
C'est dans une salle pleine du Kempinski palace de Djibouti que le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de Djibouti, Nabil Mohamed Ahmed, va prendre la parole pour saluer l'initiative de la mise en place de ce réseau interdisciplinaire de scientifiques du continent et d'ailleurs, qui a vocation à offrir un cadre de mobilisation pour la gestion durable des terres et des territoires dans la zone de la Grande muraille verte. Une initiative qui vise à favoriser les échanges multi-acteurs afin de développer la mobilisation de la communauté scientifique pour faire émerger des projets interdisciplinaires.
En tant que Ministre en charge de la recherche à Djibouti, Nabil Mohamed Ahmed a promis aux chercheurs de 《 travailler ensemble et apporter notre connaissance scientifique, favoriser les échanges entre chercheurs et garantir un enrichissement mutuel. Djibouti s’engage pleinement pour assurer un véritable partenariat. Il faut donner de la visibilité à notre action et ne pas rester inactifs 》. Une promesse qui est censée donner du punch aux chercheurs qui sont environ 150, avec 17 universités et centres de formation et de recherche, aussi bien des pays du Sud que du Nord intégrant 22 équipes de recherche du Sud, 15 unités de recherche du Nord et 4 Laboratoires mixtes internationaux de l'IRD.
Ce Réseau de chercheurs s’articule autour de quatre grands domaines de recherche : les sciences agronomiques, les sciences de la Terre et de l’univers, les sciences de l’environnement et des sociétés et les sciences des données. Au regard des lenteurs observées par l'avancement du projet de la Grande Muraille Verte (GMV) à cause, entre autres, de la non tenue en compte de ces différents domaines, les choses devront désormais être différentes. En effet la Présidente Directrice Générale de l’IRD, Valérie Verdier, estime qu'il est important pour la réussite de la mise en œuvre de la GMV, de 《mettre en réseau l’ensemble des partenaires qui travaillent en recherche et développement pour avancer vers des solutions durables au service des populations locales》.La Grande muraille verte, un projet au service des zones et sociétés rurales en région sahélo-saharienne
C'est en janvier 2007 qu'est lancée officiellement l'initiative historique de la Grande Muraille Verte(GMV) dont le but est initialement d'enrayer la dégradation des sols et des ressources hydriques, reboiser les terres arides et dégradées des pays formant la bande de 15 kilomètres de large et 7000 kilomètres de long qui va du Sénégal à Djibouti. Un projet au service des milieux et sociétés rurales, aujourd’hui pilotée par l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte(APGMV). Avec le temps cette initiative a été investie par une vingtaine de pays du continent et a pris une dimension plurielle. « De nombreux pays expriment leur souhait d’adhérer à l’initiative de la Grande muraille verte. Les problématiques soulevées sont réelles et concernent presque l’intégralité du continent africain (désertification, changement climatique etc.) », affirme Thiam Sakhoudia, chef du service Recherche et Développement, à l'APGMV. C'est le cas du Cameroun par exemple car toute sa partie septentrionale est en zone soudano-sahélienne.
Les zones arides de la Grande muraille verte abritent plus de 2 milliards de personnes, dont la majorité vit sous le seuil de pauvreté. Ces zones jouent un rôle important dans le système de production agricole et la biodiversité terrestre avec 44 % des terres cultivées, 50 % des terres pastorales et 46 % du carbone global stocké. Dans ce contexte, l’objectif principal de la Grande Muraille Verte aujourd'hui est de contenir les effets du changement climatique et de lutter contre la dégradation des terres et la pauvreté en zone sahélo-saharienne. Oumarou Malam Issa, directeur de recherche à l’IRD, spécialisé en sciences du sol, parle de réhabiliter aujourd’hui « 100 millions d’hectares de terres, de créer 10 millions d’emplois et de séquestrer 250 millions de tonnes de CO2 ».
Line Renée ANABA
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