LA LEÇON AUTOCHTONE AU ONE FOREST SUMMIT


   Les peuples autochtones sont ceux qui subissent directement les conséquences de la perte du couvert végétal à cause de l'exploitation forestière illégale et du braconnage. Leur survie est menacée car ils vivent de la forêt et dans la forêt. Pourtant, au regard la lente avancée de la lutte contre les changements climatiques et la perte de la biodiversité, les populations autochtones se sont proposées en solution au cours du One Forest Summit à Libreville.

   



     Elle s'appelle Hindou  Oumarou Ibrahim, elle est membre de la communauté peule Mbororo du  Tchad. Elle milite pour la protection de l'environnement et la promotion des droits des peuples autochtones.  Pendant les deux jours du One Forest Summit de Libreville au Gabon,elle a été la porte-parole de ces millions d'autochtones du Bassin du Congo, de l'Amazonie et du Bassin du Mekong en Asie du Sud-est. 
    

    《Sans cette forêt, nous ne pourrons pas conserver et transmettre nos savoirs et connaissances traditionnelles de génération en génération》, a- t-elle clamé dans son accent prononcé de fille peule Mbororo et de sa petite voix aiguë. Hindou Oumarou Ibrahim a rappelé à Emmanuel Macron et aux chefs d'États présents au Palais présidentiel que les autochtones sont ceux qui, depuis la nuit des temps, savent comment protéger la forêt qu'ils maîtrisent dans les moindres détails.  Ils reconnaissent le passage de chaque animal selon les empreintes sur le sol, savent se guider dans l'immensité de cette forêt sempervirente sans GPS, communiquent entre eux selon des techniques ancestrales sans téléphone. Selon leurs besoins, cette forêt est tour à tour un super marché, une pharmacie, un magasin d'ameublement, un parc de jeux et une école pour leurs enfants. 《 Les endroits les mieux protégés sont ceux où se trouvent les peuples autochtones  et les scientifiques le reconnaissent》, a t-elle fièrement relevé. 

        De son corps frêle, hindou Oumarou Ibrahim, n'y est pas allée de main morte. Elle a demandé énergétiquement le droit des autochtones à la terre pour faire leur boulot. Lors de la récente Cop15 sur la biodiversité, les pays développés ont signé pour la préservation de 30% de la biodiversité. Pour que cela soit réalisable, Hindou les invite à 《 prendre les peuples autochtones comme des acteurs et construire avec eux, pas pour eux, des cadres de mise en œuvre clairs, parce que c'est nous les experts! Nous ne restons pas dans les bureaux, nous sommes sur le terrain pour planter les arbres et les protéger 》.




     Pour ce travail de préservation de la biodiversité que les autochtones font depuis des millénaires,  l'humanité leur doit énormément. Grâce à eux, les trois Bassins forestiers du monde que sont le Congo, l'Amazonie et le Mekong, jouent à merveille leur rôle de stabilisateurs déjà climat mondial, en se constituant comme d'énormes puits de carbone. Il faut bien leur payer ces services écosystémiques. Des financements, bien que maigres, sont captés ici et là, mais le Bassin du Congo demeure le mal aimé de la finance climatique. Ses peuples autochtones que sont les pygmées et les Mbororos sont de grandes victimes oubliées. Tellement d'engagements financiers ont été pris par les pays du nord pollueurs pour compenser ceux qui préservent forêt et environnement. Le dernier engagement à la Cop 26 de Glasgow où on a promis 15 milliards de dollars pour les forêts et 1,7 milliards pour les peuples autochtones. 《 il est où l'argent ?》, s'inquiète  Hindou devant un président français quelque peu gêné  par ce franc-parler autochtone. 《 nous ne pouvons plus continuer à vivre sur les engagements.  Nous voulons le cash sur la table!》 Tollé d'applaudissements.
   


 Tout est clair. Mbororos et pygmées exigent les financements qui leur reviennent de droit pour continuer à protéger la planète pour les autres. 《 on vous a fait confiance pour détruire notre environnement, maintenant c'est à vous de nous faire confiance pour le reconstruire, en gérant nous-mêmes ces financements 》.
    Hindou  Oumarou à terminé en parlant des nouvelles initiatives de partenariats pour la nature, qui doivent être pour les communautés  et par les communautés, pour un accès direct aux financements car elle pense que les autochtones sont des chiefs ecological officers, c'est à dire les meilleurs pour mettre en œuvre tout ce qui concerne l'environnement.

         Line Renée ANABA 



 

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