LA FRANCOPHONIE FILE A L'ANGLAISE
Les documents officiels, les présentations et les discussions lors des conférences des parties (COP) sur le climat sont majoritairement en anglais, malgré la pression faite sur l'utilisation des autres langues des Nations Unies à l'instar du français, langue parlée par près d'une soixantaine de pays. Un handicap majeur pour les négociateurs climat francophones qui ont aujourd'hui intérêt à se mettre à la langue de Shakespeare pour être efficaces dans les négociations.
Pour les négociations sur le climat, la Convention Cadre des Nations Unies sur le Climat (CCNUCC) intègre au total cinq langues parmi lesquelles le français. Mais la vérité est que l'anglais est la langue prédominante de travail. Toute la documentation officielle, les présentations et les discussions lors des conférences sont majoritairement en anglais et cela forcément pose des défis pour les participants francophones, notamment en raison des barrières linguistiques et de la complexité de la terminologie technique. C'est vrai que des efforts sont faits pour promouvoir la traduction et l'utilisation du français dans ces négociations, à l'instar des outils tels que le manuel de terminologie climat anglais-français publié par l'IFDD. Des outils qui aident à surmonter les obstacles linguistiques en fournissant des traductions et des définitions claires des termes clés. Mais il faut aujourd'hui aller au-delà. L'IFDD a donc entrepris de renforcer les capacités des acteurs francophones en anglais.
Moodle, une plate-forme de coaching en anglais à été mise à contribution pour cela, sous la coordination de Melissa Koué. Les négociatrices ont été toutes invitées à s'y inscrire en créant des profils avec leurs noms et prénoms complets, pour le bon suivi de leur participation à travers leurs comptes. Une date leur a été communiquée pour une session collective pendant laquelle les différents modules ont été présentés et la méthodologie prévue pour le parcours de formation expliquée.
Les négociations exigent un vocabulaire spécifique, il faut donc se familiariser avec ces mots du jargon climatique en anglais. Étudier le vocabulaire lié au domaine de négociation est crucial et des techniques simples ont été données aux négociatrices et négociateurs francophones : Apprendre à utiliser des phrases courtes et des expressions courantes pour faciliter la compréhension. Se concentrer sur l'essentiel afin de privilégier la clarté et la précision du message plutôt que la complexité de la langue.
Pour la formatrice Melissa Koué, il est important pour les négociatrices de ne pas attendre la perfection et se jeter à l'eau pour commencer à négocier en anglais même si la maîtrise de la langue n'est pas parfaite. Le secret réside en fait dans la pratique régulière, s'exercer à parler et à négocier en anglais avec des locuteurs d'expression anglaise, mettant toute honte se côté, l'essentiel étant de se faire comprendre.
Pendant l'intersession de Bonn qui s'est achevée ce 26 juin 2025, comme aux précédentes Conférences des Parties, certains négociateurs et négociatrices ont pu vaincre leurs peurs et prendre la parole en salle de de débats pour donner leur point de vue sur la thématique de leur choix.
Line Renée ANABA
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