LA DÉCLARATION AUTOCHTONE DU SOMMET DES TROIS BASSINS


          Face à la menace liée à l'exploitation du sol et du sous-sol qui impacte les forêts tropicales humides,  les peuples autochtones des pays des trois Bassins forestiers du monde que sont l'Amazonie, le Bornéo Mekong et le Congo ont fait une Déclaration qu'ils ont rendu publique face à la presse lors du Sommet des trois Bassins de Brazzaville. Une Déclaration marquée par leurs douleurs et peurs, ainsi que leur espoir sur l'application relle des décisions au sortir de ce Sommet.

 Line Renée ANABA en ligne de Brazzaville. 

      C'est une véritable coalition qui s'est faite à Brazzaville entre les peuples autochtones pour la protection de leurs biens que sont les forêts et les terres sur lesquelles elles se trouvent. Face à la presse, ils ont dénoncé l'inaction des Etats des trois Bassins et même leur implication dans le développement de gros projets sur l'extraction minière dont la finalité va être la destruction de millions d'hectares de forêts tropicales humides. 

 C’est pourquoi les droits des peuples autochtones et des communautés forestières doivent être au cœur de l'initiative des Trois Bassins. Leur Déclaration poignante s'est adressée tour à tour à ceux là donc l'implication est claire dans la préservation des écosystèmes forestiers:

        Aux Chefs d'Etat des pays de l'initiative du Sommet des Trois Bassins : 

    Les solutions à la déforestation tropicale doivent venir des pays forestiers tropicaux. C'est pourquoi nous nous félicitons du renforcement de la coopération sud-sud et de la tenue du sommet des trois bassins à Brazzaville du 26 au 28 octobre. Néanmoins, nous, soussignés organisations de peuples autochtones, environnementales et autres organisations qui travaillent en première ligne, vous écrivons pour vous faire part de nos inquiétudes quant à la direction prise par cette initiative, en particulier le manque d'attention à l’égard des impacts négatifs des industries extractives et autres industries sur les forêts tropicales, y incluant l'engagement de la société civile et des détenteurs de droits dans ce processus. Nous vous invitons donc à :

   • Accroître la protection juridique fondée sur le droit, la démarcation et la reconnaissance des terres et territoires des communautés forestières comme condition préalable à une protection plus efficace des forêts. 

   • Défendre leur droit à participer pleinement et effectivement à la prise de décision concernant tout développement prévu dans ces zones ; respecter le droit des populations autochtones à un consentement libre, préalable et éclairé, de même que la protection de personnes vivant dans un isolement volontaire, ainsi que assurer la protection des personnes vivant dans un isolement volontaire

    • Renforcer et protéger les populations autochtones et les autres défenseurs de l'environnement et des droits humains en première ligne, notamment en améliorant l'accès à la justice.

    • Arrêter et inverser la perte et la dégradation de tous les écosystèmes naturels dues à l'agriculture à grande échelle, l’exploitation minière, extractive et à d'autres industries, notamment par un moratoire mondial sur les activités industrielles dans les forêts primaires ainsi que dans les forêts prioritaires.

     • Accélérer un véritable développement à faible émission de carbone dans les pays forestiers tropicaux grâce à une transition énergétique juste, en protégeant les forêts naturelles ainsi que les droits et la souveraineté alimentaire des communautés locales et des peuples autochtones. 

    • Adopter des objectifs mesurables et définis dans le temps, pour atteindre ces objectifs, dans un souci de transparence et de responsabilité. 

     En outre, nous appelons la communauté internationale, et en particulier les gouvernements des pays du Nord, à : 

   • Réduire la consommation de produits dont la production détruit les forêts et le climat.

    • Canaliser des investissements plus importants et de meilleure qualité vers les efforts de protection des forêts dans les trois bassins, y compris vers les fonds dirigés par les autochtones dans ces régions.

    • Promouvoir une nouvelle architecture de financement pour les forêts, notamment par le biais d'une taxe mondiale sur le carbone, d'une réorientation des subventions, de paiements équitables pour les services écosystémiques et d'un allègement de la dette, en veillant à ce qu'une part beaucoup plus importante de ce financement aille directement aux peuples autochtones, aux communautés locales et aux organisations de base. 

    • Protéger les personnes et les groupes à faible revenu des effets régressifs potentiels de la transition énergétique mondiale par des mesures de protection sociale, des subventions et des réformes fiscales, et veiller à ce qu'ils aient accès à des énergies renouvelables abordables. 

   Déclaration signée par une coalition des Organisations de la Société Civile des pays de l'initiative des Trois Bassins Forestiers. 

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